Le soleil brille toujours sur le futur d’Optimum Tracker

Optimum tracker fondateurs

Soutenue par l’AMPA en 2009, la société fondée par les jumeaux De Welle pour optimiser la production photovoltaïque grâce à des dispositifs qui suivent la course du soleil accentue son essor international. Tout en se projetant sur un avenir plus que jamais provençal !

logo Optimum Tracker

En 2009, six mois après l’obtention de 20 000 euros du dispositif d’amorçage, Madyan et Yacin De Welle, frères jumeaux, ingénieurs tout juste diplômés des Arts & Métiers, fondent Optimum Tracker, et décident de couver leur projet dans la pépinière d’entreprises de Meyreuil.

Ils débordent d’enthousiasme et de capacité de conviction, rêvent déjà à une expansion internationale, convaincus que la transition énergétique va concerner tous les pays du monde et que le soleil est un formidable pourvoyeur d’énergie pour approvisionner des villes et des populations avec une empreinte carbone minimisée. Leur idée repose sur un principe simple : pourquoi se contenter de centrales solaires au sol avec des panneaux immobiles alors qu’il serait possible d’accroître le rendement énergétique en suivant le mouvement du soleil, été comme hiver, du lever au coucher, pour s’assurer un rendement maximal ? Leur solution de « traqueur » solaire peut le permettre. Reste à convaincre des clients et des investisseurs. L’aventure ne leur a pas épargné quelques soubresauts, mais leur détermination a payé et leur envie ne s’est pas émoussée : Optimum Tracker vient encore de lever 10 millions d’euros avec le fonds Oraxys pour renforcer ses équipes et conquérir de nouveaux pays, avec une priorité pour l’Amérique. Toujours à Meyreuil, elle emploie 40 collaborateurs et a livré depuis 2009 plus de 70 projets entre Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient, représentant plus d’1 GWc de puissance. Parmi ses clients, des géants comme TotalEnergies, Voltalia, Boralex, Arkolia, Inercom…

La bienveillance crée la confiance

« Nous n’avions pas d’économies, l’aide à l’amorçage a été fondatrice pour conduire nos études et réaliser un prototype, explique Madyan De Welle. J’ai beaucoup apprécié que le dispositif fonctionne sur le principe du prêt remboursable en cas de succès. Une subvention est toujours limitée par rapport aux fonds propres. Là, nous savions que nous pouvions lancer notre projet sans risque financier pour la famille. Cela permet de voir plus loin. Nous n’avons donc pas perdu de temps pour le mettre en œuvre ». L’équipe de la pépinière ouvre aux deux jeunes cofondateurs ses réseaux, délivre ses conseils, les oriente vers les potentialités de ressources financières, juridiques, intellectuelles, susceptibles de défricher leur chemin. « Nous avons bénéficié auprès de Pays d’Aix Développement de beaucoup de bienveillance, d’une envie d’aider l’autre… Les portes se sont ouvertes dans l’écosystème institutionnel. Quand on vous montre qu’on croit en vous et votre projet, vous gagnez en confiance ». Durant quatre ans, la société prend son essor sur ses fonds propres. Elle trouve ses premiers marchés en France puis entame en 2016 la commercialisation de sa solution à l’international et s’aperçoit qu’il est plus facile d’y faire du business en tant que Français que sur le territoire national. Elle lève 4,5 millions d’euros en première levée de fonds, sans passer par l’étape « business angels ». « Optimum Tracker a grandi sans que nous perdions la maîtrise du capital » se réjouit-il.

De l’adaptabilité en toute transparence

En quinze ans, Optimum Tracker a peaufiné son innovation, misé sur l’agrivoltaïsme en pionnière, sans que la production d’énergie ne prime sur l’activité agricole, exploré les potentialités de son produit jusque dans des zones extrêmes, désertiques… « Au début, vous définissez une feuille de route, un business plan… Mais un marché bouge, des concurrents apparaissent, des technologies émergent… Constamment, il faut l’adapter, se remettre en question. Parfois, vous faites mieux que le business plan, parfois moins bien. L’essentiel est de tenir le cap ». La PME a eu à subir une courte période de 5 mois de redressement judiciaire en 2018. Madyan De Welle aurait préféré éviter ce « pire moment de notre vie professionnelle », mais l’anticiper a permis aux deux dirigeants de rebondir plus rapidement en ouvrant la voie à un partenariat financier, commercial et industriel avec le groupe américain NEXTracker. « Nous avions su solliciter le tribunal pour nous aider à surmonter les difficultés passagères, il a vu notre bonne volonté et a su nous rassurer et nous sécuriser dans cette période délicate. Une telle procédure doit être utilisée à titre transitoire en dernier recours ».

Vision d’Amérique et ancrage en Provence

Pour Madyan De Welle, l’avenir d’Optimum Tracker va reposer sur deux piliers : d’abord, l’agrivoltaïsme, toujours riche de perspectives comme fournisseur de technologies, ensuite, l’international, avec la création d’une filiale aux Etats-Unis en 2025. « Ce pays concentre 40% du marché mondial, deux trackers sur cinq se vendent là-bas. Nous voulons nous doter d’un site de production locale avec une dizaine de personnes ». Le Moyen-Orient sera une deuxième piste. « Nous avons déjà ouvert un bureau à Dubaï, l’idée serait de disposer à terme d’une filiale dans les Emirats ». L’ancrage provençal demeurera néanmoins, avec de nouveaux projets. « Nous voudrions trouver un terrain de 10 000 m2 pour construire un nouveau siège social pour la société, répartie aujourd’hui dans 1 200 m2 à Meyreuil, 600 m2 de stockage et de tests de produits à Peynier et 6 000 m2 de démonstrateur de Mouriès, dans les Alpilles. L’objectif consisterait à tout rassembler sur un site unique à l’horizon de 5 ans ».

Madyan de Welle
Madyan de Welle, DG

Son regard d'entrepreneur en 3 conseils

Avancer quoi qu’il arrive

« Nous avons plongé dans la création d’entreprise sans savoir nager. Une fois dans le grand bain, la fougue de la jeunesse nous a poussés à avancer. Nous avons tout appris sur le tas. De fait, nous avons commis parfois des erreurs qui nous ont ralentis. Si nous avions passé quelques mois préalablement dans une entreprise bien structurée, nous en aurions peut-être tiré quelques leçons, mais nous aurions pu, aussi, ne jamais en partir ! Avec le recul, il nous semble qu’il y a deux moments privilégiés pour créer sa boîte : à la sortie de l’école, parce que tous les rêves sont permis, et vers 40/50 ans pour mettre à profit son expérience dans un projet qui tient à cœur ».

Trouver les bons conseils

« Il est important de se faire bien conseiller, encore faut-il trouver les consultants qui vous disent franchement les choses comme elles sont. Certains sont trop bienveillants parce que vous êtes leur client. Nous avons choisi un industriel qui a plus de 40 ans d’expérience et qui sait être cash et transparent tout en croyant en nous. Pour aider les start-up, peut-être faudrait-il plus développer le mentorat ».

Rester déterminé et bien s’entourer

« Pour entreprendre, une qualité s’impose : ne jamais rien lâcher ! Créer à deux nous a aidés, on partage, on se soutient, on s’encourage. Quand on commence à recruter, on veut s’entourer de gens de talent, insuffler un état d’esprit d’équipe… Il faut néanmoins veiller à ne pas recruter des profils de managers plus que de réels opérationnels. En grandissant, nous avons choisi de favoriser la promotion interne ».

Photo ©Optimum Tracker

Entretien avec Madyan de Welle, Directeur Général de Optimum Tracker, rédigé par Jean-Christophe Barla