L’atelier d’horlogerie d’art Le Garde-Temps, créé par Thierry Gibernon, Maître Artisan d’Art, est labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant depuis 2008. Exigence et transmission rythment chacune des réalisations qui passent entre ses mains : celles signées par les plus emblématiques des horlogers, comme les siennes.
L’histoire d’une rencontre
Curieux et touche-à-tout, Thierry Gibernon a toujours aimé chiner des objets en tout genre. Un jour, au détour d’une brocante, il découvre une montre ancienne, signée Julien Leroy, horloger attitré du roi Louis XV. Fasciné par la beauté de l’objet et par son mécanisme, il commence à lire, observer, analyser et apprendre.
C’est ainsi que naît sa passion pour l’horlogerie.
En 2000, avec seulement un CAP en poche et sept années d’expérience derrière lui, Thierry Gibernon se lance un défi : participer au concours Un des Meilleurs Ouvriers de France. Il obtient le titre après 6 mois et près de mille heures de travail. L’année suivante, il fonde Le Garde-Temps, son atelier basé à Gardanne, au sein de la Tuilerie Bossy.
Puis en 2007, Thierry Gibernon obtient le titre de Maître Artisan d’Art, la reconnaissance d’un savoir-faire unique et d’une recherche d’excellence constante. Dans la foulée, Le Garde-Temps deviendra la 84ème entreprise de France à obtenir le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV). Un label que l’entreprise a conservé depuis (3 600 entreprises ont été labellisées, plus de 1 000 le sont actuellement*).
Aujourd’hui, Thierry Gibernon et son collaborateur maitrisent l’ensemble de la chaîne de création. Du croquis à la modélisation 3D, en passant par l’usinage, le paramétrage des machines, la fabrication, le montage jusqu’à la communication, la post-production vidéo et le marketing : tout est géré en interne.
*https://www.entreprises.gouv.fr/espace-entreprises/s-informer-sur-la-reglementation/le-label-entreprise-du-patrimoine-vivant
La recherche d’excellence
Thierry Gibernon recherche continuellement l’excellence, dans tout ce qu’il fait. Que ce soit pour une montre contemporaine ou une pendule du XVIIIème siècle, chaque objet qui passe entre ses mains bénéficie de la même attention et de la même exigence.
C’est d’ailleurs l’une des choses qui définissent pour lui les Maîtres Artisans d’Art : cette recherche constante de perfection tout comme la patience, la persévérance et l’humilité dont il faut faire preuve devant chaque nouvel objet.
Être Maître Artisan d’Art c’est, pour lui, savoir que chaque pièce, aussi petite soit-elle, peut devenir un défi. Une minuscule roue dentée peut contenir mille difficultés. Et c’est elle, parfois, qui devient le maître.
C’est aussi et surtout avoir à cœur de transmettre son savoir à son collaborateur ou aux élèves qu’il a la chance d’accompagner mais également à chaque client qui franchit la porte de son atelier. Car un horloger ne fait que passer dans la vie des objets, ce sont les propriétaires qui demeurent les véritables gardiens du patrimoine.
Un savoir-faire d’exception
Dans l’atelier Le Garde-Temps, on répare et restaure tous types de pendules, horloges, carillons ou montres (de poignet, à gousset…), qui peuvent provenir de toutes les époques, de celle qu’on connaît jusqu’à celle de Louis XIV. Pour chaque typologie d’objet, on estime qu’il y a une évolution technologique tous les 50 ans, et donc un savoir-faire particulier pour chacune de ces tranches. Les travaux réalisés peuvent aller d’un simple changement de pile à des opérations beaucoup plus complexes sur les mécanismes des horloges anciennes jusqu’à la restauration des habillages : bronzes, patines, régule, marqueteries, bois…
Parmi les plus belles pièces qui sont passées entre les mains de Thierry Gibernon, on peut citer des pendules signées Robin, Breguet ou encore une pendule squelette signée Bruel à Paris, ou une autre datée de 1789 et équipée d’un échappement de Sully de 1721. Des pièces exceptionnelles, uniques, tant elles sont rares…
Sans oublier le Marégraphe de Marseille, sur lequel Thierry Gibernon a travaillé. Sans plan ni manuel, le Maître Artisan d’Art s’est vu confier la mission de comprendre, analyser et réparer cet objet fantastique en l’espace de seulement 6 semaines. Cette expérience, Thierry Gibernon ne l’oubliera jamais. La responsabilité était immense : tenter de remettre en état de marche un objet qui transporte en lui une histoire et une mémoire, que l’on ne peut se permettre d’oublier.
Donner vie à des concepts
Au-delà de son activité avec Le Garde-Temps, Thierry Gibernon réalise aussi ses propres collections. Au travers de chacune de ses réalisations, ce sont de véritables concepts qui prennent vie.
- Ante-Tempus : cette collection de montres interroge sur la perception que nous avons du temps, du sens naturel de l’univers et des choses. Elles sont, à première vue, tout à fait familières, mais les aiguilles de ces montres tournent pourtant… à l’envers.
- Linea Mobilis : cette pendule emprunte le style épuré et les lignes directrices au mouvement Bauhaus. D’apparence immobile, la ligne exprime pourtant un début et une fin, un avant et un après, l’espace et le temps.
- Aquae Femina : cette horloge imaginée sur le thème de l’eau est bien plus qu’une horloge. Il y a ce qu’on voit et il y a ce qu’on ne voit pas : si vous additionnez les cotes des différents composants, le plus souvent vous obtiendrez l’un des 3 nombres sacrés : le 3, le 7 et le 9. Un rappel, s’il en fallait un, que rien n’est laissé au hasard en horlogerie. Mais comme le dit Thierry Gibernon, c’est justement quand le hasard intervient, que la magie opère.
Photos ©Le Garde-Temps
Entretien avec Thierry Gibernon, fondateur
MD
