87 % des Français considèrent le bruit comme une nuisance rédhibitoire pour choisir leur logement idéal. C’était sans compter sur l’expertise de DeNoize. La startup franco-néerlandaise, hébergée à la Pépinière d’Entreprises Innovante de Meyreuil, développe depuis 2018 la fenêtre à réduction de bruit active. Une technologie similaire au casque antibruit adapté aux fenêtres.
Le son contre-attaque
Les fondateurs ont eu l’idée de développer cette technologie en partant d’un constat. Les habitants des grandes villes sont particulièrement exposés aux nuisances sonores, gênantes et parfois même nuisibles à leur santé. Or, le bruit entre principalement dans les logements par les parois vitrées. Si les doubles vitrages répondent bien à la question de l’isolation thermique, ils sont peu efficaces pour stopper complètement le bruit lié le plus souvent au trafic routier et aérien.
DeNoize équipe donc la fenêtre de capteurs et « actionneurs », qui recueillent et analysent le bruit extérieur en temps réel. « Les actionneurs utilisent la surface de la vitre comme membrane pour produire un son opposé au bruit que l’on souhaite atténuer » explique Olivier Schevin, co-fondateur de la start-up. « Il s’agit d’un système qui écoute et agit en permanence » ajoute-t-il.
Avec sa technologie, DeNoize parviendrait à réduire jusqu’à 90% du bruit transmis dans les basses fréquences. Le fonctionnement de la technologie est semblable à celle exploitée par les casques audio à réduction de bruit active. A une différence près, et de taille : « pour les casques, la zone est toute petite et proche de l’oreille, pour les fenêtres c’est un peu plus compliqué car il faut travailler en 3D sur un périmètre qui n’est pas limité. » déclare Olivier Schevin. Outre son efficacité sur les basses fréquences, l’un des avantages de cette solution est la possibilité de l’intégrer directement à l’encadrement des fenêtres. Elle est, de ce fait, invisible pour l’utilisateur.
Des tests en situation réelle pour poursuivre sa recherche
Le RIVM (National Institute for Public Health and the Environment) conclut qu’un million de Néerlandais sont affectés par le bruit des voitures, des trains, des avions et des éoliennes, ce qui entraîne de graves problèmes de santé tels que des troubles du sommeil et des problèmes cardiaques. Un souci que le Royal Schiphol Group cherche à régler. Pour cela, le groupe qui gère l’aéroport d’Amsterdam a missionné DeNoize pour réaliser des recherches et comprendre les effets du bruit sur le bien-être des résidents.
Dans un premier temps, la recherche a été conçue pour être effectuée entièrement à distance via une plateforme en ligne. Les résidents locaux étaient invités à simuler leur environnement acoustique et à effectuer différentes tâches en ligne conçues pour mesurer leur réponse perceptuelle, émotionnelle et cognitive. Les informations recueillies dans le cadre de cette recherche ont permis à DeNoize de réaliser un paysage sonore (des représentations numériques d’environnements acoustiques). La seconde partie de la recherche a été réalisée dans un environnement domestique réel à Zwanenburg afin de corréler les connaissances acquises au cours de la première phase. La recherche est soutenue par Royal Schiphol Group, qui voit le potentiel de la technologie pour minimiser l’impact du bruit de l’aviation et améliorer la qualité de vie de ses voisins.
La prochaine étape des recherches sera réalisée grâce à une maison modulaire, actuellement en cours de fabrication. La livraison et son installation aux abords de l’aéroport de Schiphol est prévue d’ici la fin du mois de mars. Une fois le système optimisé et opérationnel, la maison modulaire ouvrira ses portes au public, partenaires et autres parties prenantes pour démontrer l’efficacité de la technologie DeNoize.